Vous avez certainement remarquées les tranchées, les camionnettes remplies de matériel de test et les techniciens en train de souder des fibres optiques sous leur tente. Comme annoncé, le déploiement à grande échelle des réseaux fibres optiques a bien commencé dans Paris.

La multiplicité des acteurs installant en ce moment des accès locaux sur fibres optiques implique que ce marché successeur de la boucle locale sur paire de cuivre sera fragmenté au lieu d’être sous le contrôle de l’opérateur historique.

Or les contraintes de la distribution sur le marché grand public imposent une présence nationale permettant de communiquer sur les médias de masse. Cette structure de marché nécessite la consolidation par les distributeurs de services au client grand public de l’offre fragmentée des fournisseurs d’infrastructure.

D’un point de vue opérationnel, cela nécessite pour chaque distributeur commercialisant des services d’accès de s’interfacer avec le plus grand nombre de fournisseur afin de pouvoir commander le provisionnement des lignes supportant la fourniture de l’accès.

Avec un seul partenaire le processus n’est déjà pas trivial. Les fournisseurs d’accès louant des lignes à de grands opérateurs Français peuvent témoigner que les opérations sont loin d’être parfaitement fiables et exemptes d’incidents – les torts sont d’ailleurs partagés. Les erreurs ne sont pas rares et elles ne sont pas toujours repérées au moment des tests. Alors avec au bas mot plus d’une douzaine de partenaires ce sera un magnifique amas de plomberie informatique.

Afin de contrôler l’explosion du produit cartésien des opérateurs et des distributeurs, il semble essentiel qu’un processus de standardisation ait lieu pour que les communications puissent s’établir en se basant sur un langage commun. Dans un marché contrôlé par un acteur dominant, celui-ci peut imposer une norme. Mais en environnement ouvert la standardisation des protocoles est la manière éprouvée de garantir l’interopérabilité. L’Internet est la preuve vivante de la validité la démarche de standardisation qui est l’essence même de son existence.

Les aspects techniques des communications entre opérateurs ne rentrent pas dans les attributions de l’ARCEP. De plus l’ARCEP n’est pas à l’aise avec les problématiques de systèmes d’information, domaine dans lequel elle a été franchement échaudée par le projet de portabililité des numéros ‘800’. Une volonté politique est nécessaire, mais les systèmes d’information sont loin des centres d’intérêt traditionnels des acteurs politiques.

N’importe quel professionnel de l’accès Internet arrive rapidement à ces conclusions. Pourtant il semble que l’on s’oriente vers un chaos combinatoire où fleuriront les protocoles propriétaires évoluant chacun dans son microcosme.

Mais voyons le bon côté des choses : avec tout ça ce n’est pas demain que je serai au chômage…