Elevé dans une famille Gaulliste depuis toujours, l’un de mes premiers souvenirs d’enfance fut la consternation à l’époque incompréhensible pour moi que j’ai pu lire sur les visages de proches le soir du 10 Mai 1981, et la présence quotidienne du Figaro dans le salon a rythmé ma jeunesse. On ne peut pas dire que je partais avec un à-priori positif en faveur de la gauche Française. J’ai gardé de cette époque une profonde aversion pour la manière dont le socialisme crée des privilèges indus sous prétexte de redistribution des richesses, ainsi que pour son ignorance délibérée et démagogique de l’efficacité des mécanismes économiques fondamentaux.

En 1995 pour ma première élection j’étais de ceux qui avant 20 heures parcouraient les Champs Elysées en courant ou sur le toit des voitures en exprimant ma joie de voir la fin de l’ère Mitterrand et aussi mon espoir de voir se concrétiser les promesses réformatrices incarnées par Chirac. J’ai évidemment été profondément déçu par les années qui suivirent.

La crise d’adolescence politique fut la révélation des idées libérales et le rejet du conservatisme. Le libéralisme au sens classique est désormais ma ligne directrice en matière politique. Mais en France en 2007 le libéralisme est un gros mot, bizarrement parce qu’on le confond avec le conservatisme alors qu’outre Atlantique on le met dans le même camp que le socialisme. Le libéralisme est mal compris et son heure n’est pas encore venue. Pour le premier tour j’ai depuis l’été dernier soutenu de bon coeur François Bayrou parce qu’il est pour l’instant et à mon avis le véhicule le plus crédible et le plus honnête pour introduire le libéralisme classique au coeur du débat politique Français. J’ai d’ailleurs été conforté de voir Edouard Filias d’Alternative Libérale prendre une position similaire en faveur de François Bayrou.

C’est naturellement vers les candidats centristes que mon choix s’est toujours porté. Mais la survie des centristes au-delà des premiers tours étant encore rare j’ai toujours donnée ma voix à la droite lorsqu’elle était opposée à la gauche. Mais cette année, l’appel d’air qu’a provoqué François Bayrou dans l’aile droite du parti socialiste a ouvert le débat. La révélation d’un espace socio-démocrate dans le paysage politique Français a remis en cause l’alliance traditionnelle du centre avec la droite. Avec dans le parti socialiste des voix qui s’élevaient en faveur d’un positionnement de centre gauche je n’excluais plus de considérer le PS comme un second choix possible.

Ségolène Royal avait l’opportunité entre les deux tours d’ouvrir radicalement son parti au centre et de déclencher avec l’extrême gauche la crise ouverte salutaire pour que le parti socialiste devienne enfin un parti socio-démocrate Européen moderne. Elle ne l’a pas fait et le PS reste donc égal à lui-même avec les incohérences surannées qui le caractérisent et le paralysent. J’avais envisagé de voter pour un candidat socialiste réformateur tourné vers le centre, mais je refuse de donner ma voix à un représentant d’un système de gouvernement dont l’inefficacité coûteuse et génératrice d’inégalités est trop bien connue. Je passe sur le prétendu style participatif que Ségolène Royal affecte alors que tous ceux qui ont travaillé avec elle savent combien elle est autoritaire.

Face à elle, Nicolas Sarkozy n’est pas non plus un choix très apetissant. Il y a douze ans j’aurais voté pour lui avec enthousiasme : il est tout à fait le messie réactionnaire que j’attendais dans mon enfance. Mais entre temps j’ai mûri et je ne crois plus en l’existence d’un homme providentiel. Et depuis longtemps je suis devenu allergique aux valeurs conservatrices et nationalistes. Surtout je n’ai pas confiance dans une droite dont le bilan est en décalage avec sa communication : dirigisme économique, protectionnisme et irresponsabilité fiscale sont des valeurs étrangement communes entre la droite et la gauche. Ajoutons à ce sombre tableau l’agressivité de Nicolas Sarkozy dont la personnalité n’est à mon avis pas étrangère à sa légende, sa tendance à éroder autant que possible le principe de la séparation des pouvoirs, ses prises de positions communautaristes, son inaction face à la corruption dans les Hauts-de-Seine et son goût pour la répression démagogique qui dégoute même les fonctionnaires du ministère de l’intérieur… Malgré la proximité que je ressens pour la plus grande partie du programme économique de Nicolas Sarkozy, je ne peux pas adhérer à sa candidature.

Chacun des deux candidats continuera à dresser les Français les uns contre les autres. Ce n’est pas ce que je souhaite pour mon pays et je le ferai savoir en exprimant explicitement mon refus des options proposées, c’est à dire en votant blanc et non pas en fuyant par l’abstention mes responsabilités de citoyen. Je ne suis pas socialiste, je ne suis pas conservateur, je voterai blanc le 6 Mai 2007. C’est la première fois que j’ai recours à cette extrémité ambigüe et j’ai le fol espoir que quel que soit le résultat de cette élection il suscite à droite ou à gauche la prise de conscience de la valeur du centre comme voie de réforme consensuelle et de progrès.

Cette manière de faire passer mon message a la conséquence pratique de favoriser le candidat en tête des intentions de vote, c’est à dire Nicolas Sarkozy. Ca ne me pose pas de problème – je suis finalement plus proche de Nicolas Sarkozy que de Ségolène Royal. La défaite de cette dernière est peut-être le choc nécessaire à la scission du parti socialiste qui ouvrira la voie à la construction d’un part du centre gauche au centre droit, capable de pendre le rôle de pivot nécessaire pour tordre le cou au mythe du bipartisme. Pour compléter mon point de vue je vous invite à lire l’article de Stéphane-Andréane “Le vote blanc et la recomposition de la vie politique française” qui exprime à sa manière une opinion similaire.

Le candidat pour lequel j’ai fait campagne ne sera pas président de la République Française en 2007. Maintenant il s’agit de voter au second tour pour Nicolas Sarkozy ou pour Ségolène Royal. Et comme dirait Thérèse devant une boite des fameux spotsi d’Ossieck : on ne sait que choisir

Mais comme il fait beau et que je ne suis pas homme à me laisser abattre pour si peu, c’est bizarrement les paroles du très joyeux “mon coeur balance” de Daouda qui me sont revenues à l’esprit aujourd’hui… Et comme je ne les ai trouvées nulle part sur la Toile je les ai retranscrites ici pour vous :

J’ai un problême j’aime deux filles
Je ne sais pas laquelle choisir
La premiere est la plus jolie
La seconde est la plus gentille
Entre les deux mon coeur balance
ca balance et ca rebalance

La plus jolie s’appelle Fanta
La plus gentille c’est Amina
Entre les deux vraiment j’hésite
Pourtant il faut que je me décide
Mais toujours mon coeur balance
Ca balance et ca rebalance

Quand je suis avec la jolie Fanta
Moi je pense à la gentille Amina
Quand Amina est pres de moi
Mes pensées s’envolent vers Fanta
Et toujours mon coeur balance
Ca balance et ca rebalance

Un jour j’ai pris ma résolution
Croyant avoir trouvé la solution
Mais au moment de me prononcer
Moi je n’ai pas pu me décider
Car toujours mon coeur balance
Ca balance et ca rebalance

[Reprendre 1x]

Dites-moi mes amis
Dites-moi laquelle choisir
Entre la jolie Fanta
Et la gentille Amina

[Reprendre 1x]

Ooh Fanta !
Oh Amina !

[Repeter]

Le paradoxe final c’est qu’avec une chanson Ivoirienne en tête je vais peut-être me retrouver à voter blanc…

Mon pote Bidule wrote:
>
> Nous avons décidé de nous équiper d’1 voire 2 disques durs externes pour
> prévenir tout crash potentiel de notre ordi, et nous aurions besoin de
> tes lumières pour savoir quoi acheter, et où. Nous utilisons aujourd’hui ~50 Go
> de notre disque, mais un back-up de 200 Go me semblerait bien.
>
> Qu’en penses-tu ?

Il y a dans le monde deux catégories d’utilisateurs: ceux qui ont subi au moins une grosse perte de données importantes et ceux à qui ça va arriver. C’est donc une bonne idée de pensez à la sauvegarde avant que ça n’arrive…

Dans un cas comme le tien, l’idéal est d’avoir deux disques : l’un chez toi (branché uniquement pendant la sauvegarde) et l’autre par exemple chez des amis. Toutes les ‘n’ semaines tu permuteras les disques. Comme ça tu as toujours une sauvegarde récente à portée de main et une sauvegarde un peu moins récente en cas de grosse catastrophe voire tout simplement de cambriolage – une ocurence dans nos contrées plus fréquente que les cataclysmes divers.

Je ne connais pas les logiciels pour la sauvegarde sous Windows. Je peux néanmoins te prévenir qu’il y a une différence entre une copie et une sauvegarde : la sauvegarde maintient un historique des versions antérieures te permettant de revenir à un point donné, alors que la copie n’est que la dernière version copiée. Lorsque les dommages ont été occasionnés par une infection virale qui a eu lieu plusieurs semaines avant qu’on s’en aperçoive, une sauvegarde permettant de récupérer des fichiers dans l’état où ils étaient à cette époque est très utile.

Vue la nécessité de conserver un historique, le volume de sauvegarde doit être plus grand que le volume sauvegardé, d’une marge plus ou moins importante en fonction du taux de renouvellement des fichiers.

Le disque étant destiné à être sous tension pendant de courtes durées, la ventilation n’est pas une fonctionnalité critique. Par contre prends l’interface la plus rapide qui soit compatible avec les hôtes auxquels tu destines ce disque.

Enfin, avec un peu de recul on constate que même si la sauvegarde est une étape essentielle, elle n’est finalement que la première étape du processus de protection contre les pertes de données. Le plus important ce n’est pas la sauvegarde : c’est la restauration. Tester les sauvegardes régulièrement, c’est fastidieux mais moins douloureux que de s’apercevoir au moment de restaurer que les données sont dans un format illisible ou bien tout simplement absentes…

Mes amis me posent régulièrement des questions sur des sujets pour lesquels ils me considèrent de bon conseil. Nombre d’entre eux sont peu enclins à l’interaction communautaire publique et les questions me sont donc quasiment toujours adressées par messagerie. Mes réponses ne profitent donc qu’à l’auteur de la question.

Sur de nombreuses listes de discussion et de nombreux forums, les contributeurs réguliers refusent généralement de répondre à une question qui n’est pas postée publiquement. Il garantissent ainsi que leur réponse profitera systématiquement à l’ensemble de la communauté et que d’autres contributeurs pourront éventuellement aussi y apporter leur brique et les aider eux-aussi à faire progresser la connaissance du sujet.

Bien sûr je n’irai pas jusqu’à envoyer mes amis sur les roses, mais la systématisation de la publication me paraît être une démarche saine de contribution à la communauté, d’autant que son coût est nul.

Pour aller dans ce sens, j’inaugure donc aujourd’hui la catégorie “Questions à Jean-Marc” où je répondrai publiquement aux questions de mes amis. Bien entendu j’anonymiserai leurs questions et me limiterai à des sujet ne révèlant pas d’informations exposant leur vie privée.

Vous avez certainement remarquées les tranchées, les camionnettes remplies de matériel de test et les techniciens en train de souder des fibres optiques sous leur tente. Comme annoncé, le déploiement à grande échelle des réseaux fibres optiques a bien commencé dans Paris.

La multiplicité des acteurs installant en ce moment des accès locaux sur fibres optiques implique que ce marché successeur de la boucle locale sur paire de cuivre sera fragmenté au lieu d’être sous le contrôle de l’opérateur historique.

Or les contraintes de la distribution sur le marché grand public imposent une présence nationale permettant de communiquer sur les médias de masse. Cette structure de marché nécessite la consolidation par les distributeurs de services au client grand public de l’offre fragmentée des fournisseurs d’infrastructure.

D’un point de vue opérationnel, cela nécessite pour chaque distributeur commercialisant des services d’accès de s’interfacer avec le plus grand nombre de fournisseur afin de pouvoir commander le provisionnement des lignes supportant la fourniture de l’accès.

Avec un seul partenaire le processus n’est déjà pas trivial. Les fournisseurs d’accès louant des lignes à de grands opérateurs Français peuvent témoigner que les opérations sont loin d’être parfaitement fiables et exemptes d’incidents – les torts sont d’ailleurs partagés. Les erreurs ne sont pas rares et elles ne sont pas toujours repérées au moment des tests. Alors avec au bas mot plus d’une douzaine de partenaires ce sera un magnifique amas de plomberie informatique.

Afin de contrôler l’explosion du produit cartésien des opérateurs et des distributeurs, il semble essentiel qu’un processus de standardisation ait lieu pour que les communications puissent s’établir en se basant sur un langage commun. Dans un marché contrôlé par un acteur dominant, celui-ci peut imposer une norme. Mais en environnement ouvert la standardisation des protocoles est la manière éprouvée de garantir l’interopérabilité. L’Internet est la preuve vivante de la validité la démarche de standardisation qui est l’essence même de son existence.

Les aspects techniques des communications entre opérateurs ne rentrent pas dans les attributions de l’ARCEP. De plus l’ARCEP n’est pas à l’aise avec les problématiques de systèmes d’information, domaine dans lequel elle a été franchement échaudée par le projet de portabililité des numéros ‘800’. Une volonté politique est nécessaire, mais les systèmes d’information sont loin des centres d’intérêt traditionnels des acteurs politiques.

N’importe quel professionnel de l’accès Internet arrive rapidement à ces conclusions. Pourtant il semble que l’on s’oriente vers un chaos combinatoire où fleuriront les protocoles propriétaires évoluant chacun dans son microcosme.

Mais voyons le bon côté des choses : avec tout ça ce n’est pas demain que je serai au chômage…

Je viens de terminer une conversation téléphonique avec un certain Mr. Soral qui téléphone en masquant son numéro et m’accuse d’avoir participé au piratage d’un site lui appartenant. Encore une fois, ce sont probablement les frasques de sympathisants du CIPDTF qui sont à la source de l’affaire : Mr. Soral explique que son site a été modifié avec des contenus faisant référence au site du CIPDTF. Or j’héberge le site du CIPDTF sur l’un de mes serveurs et sous un nom de domaine m’appartenant. Mr. Soral et ses déplorables conseillers techniques et juridiques en ont conclu que je suis complice. Est-il nécessaire de préciser que je n’ai évidemment rien à voir là-dedans ?

C’est navrant d’en arriver là, mais je suis une fois de plus obligé de publier un démenti catégorique. Alors encore une fois, voici ma position officielle : je n’ai participé directement ou indirectement à aucune action agressive contre qui que ce soit. Quand au CIPDTF, je n’en suis que l’hébergeur. Je fournis au nom de la liberté d’expression un compte d’hébergement à une personne que je ne connais que sous son pseudonyme “Jacques Koulibaly” et qui représente un collectif rédactionnel Ivoirien. Je garantis la continuité de service et la sécurité du site. Je n’ai rien à voir avec le contenu du site ni avec les activités de Jacques Koulibaly.

Quelle que soit la qualité de ce qui y est publié sur ce site sous l’étiquette “satyrique” et quoique que j’en pense, je me battrai pour que sa publication soit possible. La citation apocryphe qu’on attribue à Voltaire prend ici tout son sens : “Je ne suis absolument pas d’accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez vous exprimer”.

Comme souvent, on m’attribue des opérations clandestines alors qu’il est de notoriété publique que je n’ai absolument aucune implication directe ou indirecte dans toutes ce genre d’aventure. Ceux qui me connaissent pourront confirmer que les accusations ne sont que mensonges et amalgames insultants qui se résument finalement à de la spéculation infondée. Je ne suis que le fournisseur d’hébergement de l’une des parties du tumulte médiatique.

Que des groupuscules de tous bords se livrent à la propagande et au sabotage cybernétique n’est pas une surprise, mais qu’on puisse m’associer à de telles actions me laisse pantois. Tous ont leurs idéologies politiques très à coeur, mais au risque de les décevoir je dois avouer que je n’y porte qu’un intérêt de spectateur amusé. Alors imaginer que j’investisse du temps et des ressources considérables à m’y impliquer personnellement au point de porter la plume de brulots douteux et de prendre le risque de commettre des actes illégaux est la manifestation d’une incompréhension profonde des ressorts qui peuvent m’animer et de mes méthodes personnelles.

Pour vous distraire, vous pouvez lire sur ce blog les comptes-rendus de mes mésaventures face à la vague de diffamation qui s’est abattue sur moi en Décembre dernier.

Cette fois-ci c’est en France que ça se passe, alors si nécessaire je pourrai contre-attaquer en portant plainte. Je suis résolu à ne pas laisser compromettre mon nom.

Mais ce serait tellement plus simple si mes accusateurs daignaient s’informer, voire – soyons fous – communiquer avant de se lancer dans leurs délires, de lâcher les juristes et de faire perdre temps et argent à tout le monde pour rien… Je suis toujours ouvert à la discussion et ce n’est vraiment pas compliqué de me joindre – c’est même pour favoriser la communication que mes adresses et numéros de téléphones sont publiés partout où c’est possible sur l’Internet ! Alors pourquoi ne pas en profiter ? Mystère… En tout cas encore beaucoup de bruit pour rien.

Si comme moi vous avez déjà vu par hasard des forums Japonais garnis d’images et que vous n’y comprenez rien sauf que ça à l’air très différent de ce que l’on connait dans le monde latin, un article de Wired donne un petit éclairage sur le phénomène des image boards en général et de 2Channel en particulier.

A première vue je n’ai rien remarqué de très exotique – il m’a fallu la lecture d’un article expliquant pourquoi et comment un forum comme 2Channel fonctionne pour qu’un détail de l’article de Wired m’interpelle : ces forums sont anonymes !

Apparemment l’anonymat est la clé du fonctionnement de ces forums. Et c’est bien de l’anonymat et non du pseudonymat. Dans la partie de l’Internet que nous fréquentons, ce que nous considérons comme de l’anonymat est le plus souvent du pseudonymat : nous nous créons une personnalité à l’usage d’une communauté afin d’y protéger notre personnalité primaire.

Or dans le contexte de la société Japonaise où la sensibilité à l’humiliation publique est extrêmement forte, même le pseudonymat est insuffisant pour libérer totalement l’expression de chacun. Seul l’anonymat véritable permet de surmonter les inhnibition Japonaises envers le débat ouvert. En outre l’anonymat permet de renforcer le modèle social d’effacement de l’individu au profit du groupe, une autre notion puissante au Japon.

Etant donnée notre culture de l’interaction sur l’Internet et notre individualisme, l’anonymat est confiné par le pseudonymat à des niches spécialisées. Mais les résultats intéressants obtenus au Japon confirment ce qu’on savait déjà ici : dans des environnements à très forte pression sociale, l’anonymat est un moteur de la liberté d’expression.

Nous le disons depuis longtemps mais il faut régulièrement le répéter : en pratique il n’y a pas de liberté d’expression réelle sans possibilité d’anonymat. C’est un combat aussi vieux que l’Internet mais il est toujours d’actualité. Il est même propulsé sur le devant de la scène par les délires paranoïaques anti-terroristes et anti-pédophiles sur lesquels surfent les politiciens qui les attisent.

Alors ce week-end faites-vous plaisir et installez de quoi participer à un réseau de proxys anonymisants. Pour ma part je fournis depuis longtemps un relai Mixminion et j’ai expérimenté avec Tor. Alors venez jouer avec nous : plus il y a de relais, plus il y a de traffic, plus il y a de bruit et meilleur sera l’anonymat !

Ces outils ne sont pas des panacées et restent en partie vulnérables à des attaques coordonnées à grande échelle avec des moyens para-étatiques, mais le niveau de protection qu’ils offrent est déjà libérateur pour la pratique de l’anonymat en société. Alors profitez-en !

La gestion de la complexité a été largement vulgarisée au début des années 90, notamment par Dominique Genelot dans son ouvrage “Manager dans la complexité”. L’incertitude, les situations de rupture et les interdépendances sont devenus notre pain quotidien sans que personne ne s’émeuve outre mesure de l’irruption dans tous les domaines d’un chaos permanent à peine apprivoisé par les conceptions systémiques.

C’est un commentaire de JbBiard qui m’a mis la puce à l’oreille à propos de la relation de François Bayrou avec la complexité :

“Il parle pendant plus de deux heures au Politic’ show, en râlant, mais en causant intelligemment, sans script, comme dans ses discours. On le voit faire de même dans des colloques (je pense à celui sur l’Europe qui figure sur sa web TV). Et il est globalement constant, un peu flou, sur certains points, mais il accepte le doute, il se confronte à la complexité. Ce faisant, il fait face monde, sans pré-mâchage sondagier excessif, il pense : ça change.”

C’est exactement ce que je ressentais : François Bayrou admet ses propres limites pour mieux s’atteler à la réflexion et au débat qui apporteront les réponses. Gérer la complexité est avant tout une école de l’humilité.

Mais la complexité est encombrante. Elle a particulièrement du mal à passer à travers la petite lucarne du poste de télévision. Marc Ullman fait remarquer qu’en embrassant la complexité, François Bayrou n’a pas fait un choix facile :

“Bayrou, lui, ne répugne pas à la complexité. Homme de consensus, il croit à la réforme et souhaite redonner à ce mot galvaudé ses lettres de noblesse. Centriste, il joue sur l’envie d’un nombre croissant de Français, d’échapper aux idéologies surannées et dominatrices de droite et de gauche. [..] Or, c’est un rude pari de s’adresser à la raison à une époque où prime l’émotion. Un pari courageux.”

Laurent Watrin est plus optimiste parce qu’il est convaincu que les électeurs sont plus intelligents qu’on ne le pense :

“L’intelligence de François Bayrou, c’est de dire qu’on ne peut pas tout faire et tout promettre mais qu’il y a des grandes orientations à prendre face à la complexité des choses, pour réformer en profondeur ou pour maintenir des caps : l’éducation [..] la formation, la réforme de l’Etat et l’Europe sont au coeur de ses orientations. Le président de l’UDF a le mérite de porter des convictions, sans décocher une batterie de mesures qui, mises bout à bout, font ce que l’on appelle « un programme de campagne ». Car c’est moins d’un programme électoral que d’un projet clair et simple que nous avons besoin.

Le niveau d’information des électeurs qui votent en conscience est aujourd’hui plus élevé que certains le pensent, et l’on peut espérer que les voix de la raison emportent la décision en mai prochain. On s’apercevra peut-être alors que faire du bruit ne garantit pas d’être entendu ou compris”.

Et c’est Philippe Zaouati qui conclut le mieux :

“Il est des sujets complexes qui nous dépassent et pour lesquels nous n’avons pas de position arrêtée. Des sujets pour lesquels les réponses simples sont trop souvent simplistes. Euthanasie, homoparentalité, signes religieux. Des sujets qui méritent réflexion, qui méritent d’attendre que le temps passe, que de l’eau passe sous les ponts.

Bayrou a le courage de le dire. D’assumer que parfois il ne sait pas. Ni blanc ni noir. Ne pas donner de réponse simple à des questions complexes. Cela ne veut pas dire ne pas donner de réponse du tout. Ni droite ni gauche, ce n’est pas mi chèvre mi chou.

Et si le doute était finalement préférable aux idées péremptoires inévitablement suivies de reculades et de renoncement ?

Je laisse cela à votre réflexion”.

Les collusions politico-médiatiques affaiblissent le système immunitaire électoral. Réagissons ! Pour lutter efficacement contre la sarkozite, un seul remède : Bayrou !

Pour appliquer efficacement ce remède de cheval, mon camarade Romain Moretto a imaginé ce packaging pratique concentrant exactement la dose requise en rappelant la posologie adaptée : deux bulletins Bayrou à glisser dans l’urne le 22 Avril puis le 6 Mai 2007.

Selon Edouard Fillias, ex-candidat du mouvement Alternative Libérale qui soutient désormais François Bayrou, ce dernier “pourrait être le Gorbatchev français, ouvrant la voie aux réformateurs libéraux en débloquant le système démocratique“.

L’UDF permet à des courants de pensée libéraux de s’exprimer en son sein, et c’est probablement l’un de leurs derniers refuges en France. J’espère que François Bayrou saura une fois Président amener les idées libérales dans la discussion.

Avec l’UMP les idées libérales ne sont amenées que d’une manière unilatérale et confrontationnelle qui n’aboutit systématiquement qu’à la polarisation violente. Avec le PS elles ne sont suggérées que lorsque la situation économique accule le décideur dos au mur.

L’UDF a la capacité d’amener ces idées au contact du plus grand nombre en montrant leur humanisme pour que le libéralisme ne soit plus un tabou.

En ce moment, l’UDF est notamment propulsé par un afflux de citoyens dégoutés par les errements du PS. Le plus souvent ils rejettent aussi l’extrême gauche mais ils ont parfois été victimes de la démagogie présentant les idées libérales comme le mal incarné. Leurs yeux écarquillés en disent long lorsque j’annonce que le libéralisme est l’une des choses qui m’ont attiré à l’UDF.

En France, les libéraux ont trop longtemps été confondus avec des conservateurs. Parcourir l’article de la Wikipedia sur le libéralisme vous permettra de rétablir quelques bases saines.

En Europe, le qualificatif « libéral » sert la plupart du temps à désigner une personne favorable au libéralisme économique, sans nécessairement faire référence à la philosophie libérale. C’est fort dommage d’imposer de telles réductions. Aux États-Unis, on appelle « liberals » des sociaux-démocrates, ce qui les place à la gauche : l’accent est mis sur la liberté de mœurs et l’égalité. L’article de la Wikipedia sur le libéralisme Américain qui vit notamment au travers du parti Démocrate vous ouvrira certainement des horizons historiques.

Pour atteindre notre objectif de gouvernement pragmatique et non sectaire nous devont ré-ouvrir le débat dans toutes les directions. L’un des défis qui nous attendent est de montrer que les idées libérales tant stigmatisées n’ont rien à voir avec la légende qui fait d’elles un dangereux vecteur de casse sociale.

Les tabous peuvent tomber pour le plus grand bien de l’ensemble de la société. A nous de le montrer.

Je reproduis ici le texte intégral cette lettre ouverte à M. Lozès, président du CRAN parce qu’elle exprime tout à fait bien le fonds de ma pensée. Il est rare qu’une problématique m’énerve vraiment – le sujet habituel qui me fait monter sur mes grands chevaux est la liberté d’expression – mais l’introduction du recensement ethnique me semble tellement horrible et contraire à toutes mes valeurs humanistes et républicaines qu’il me parait urgent de prendre les armes pour y faire face.

Au travers de mes voyages et au travers de mes réseaux relationnels je peux me vanter d’une connaissance non négligeable de l’Afrique. Beaucoup d’etats y ont la malchance de voir la vie sociale et politique dominée par des problématiques ethniques délétères qui anéantissent la démocratie telle que nous la concevons et renforcent des clivages empreints de jalousies souterraines. Je souhaite à la France de ne jamais tomber aussi bas.

J’ai serré la main à des membres de ma famille et de ma belle famille d’une quinzaine de nationalités et représentant une demie-douzaine de religions de toutes les couleurs de l’arc en ciel, mes amis et mes collègues viennent d’horizons encore plus variés et nous avons tous en commun d’appartenir à la société des hommes, une et indivisible.


Lettre ouverte à M. Lozès, président du CRAN – Par Geoffrey Livolsi, citoyen français

Je vous dénie le droit de vous exprimer en mon nom, je vous dénie le droit de me représenter, je vous dénie le droit de me compter en tant que noir, indo-pakistanais, asiatique, arabo berbère, métis ou comme ne faisant pas partie de vos minorités visibles.Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir réintroduit en France, le comptage ethnique !

Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir fait revivre le comptage des gens par couleur ou par origine, comme ce fut le cas pendant les périodes les plus sombres de notre histoire que fut l’esclavage, la colonisation et le régime de Vichy.
Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir franchi un pas de plus vers l’ethnicisation de la nation française.
Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir divisé les français selon qu’ils soient noirs ou non noirs.
Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir réduit des êtres humains, à leur simple couleur de peau ou origine ethnique.
Vous porterez à jamais la responsabilité de nous avoir réduit qu’à la simple définition, de noir, d’arabo-berbère, d’indo-pakisatanais, de métis, d’asiatique, ou d’une autre « minorité visible » comme vous nous nommés.Mais M. Lozès, je ne suis ni noir, ni arabo berbère, ni indo-pakistanais, ni métis, ni asiatique, ni d’une autre minorité visible ! C’est vous qui m’enfermez dans ma couleur et dans mon origine ethnique, c’est vous qui faîtes de moi une minorité en me concevant ainsi.

Non M. Lozès, je ne suis rien de cela, je refuse d’être réduit à ma couleur, et je vous dénie le droit de me désigner ainsi !
Je suis français et seulement français, et je ne suis pas comme vous le dites « Noir et français ». Alors que je n’aspire qu’à être considéré qu’ainsi, vous me renvoyez à ma couleur.

Vous vous en prenez ainsi à l’un des principes fondamentaux de la République française qui ne connaît que des citoyens « sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

En évoquant la soit disante inefficacité du modèle d’intégration républicain, vous voulez faire passer une carence de République dans certains territoires pour un échec de celle-ci. Sous couvert de vouloir favoriser la diversité, vous plaidez la cause de la discrimination positive et des quotas ethnique, en racialisant ainsi les questions sociales.

Votre discrimination positive, ou action positive comme vous préférez la nommer n’est ni plus ni moins que l’instauration institutionnelle de l’injustice.

Quel meilleur moyen que la discrimination positive pour dévaloriser ceux qui souffrent de discrimination, en instituant la couleur de peau ou l’origine ethnique comme un critère de recrutement ?
Quel meilleur moyen que la discrimination positive pour attiser la jalousie, pour diviser le peuple français, et pour troquer une injustice par une autre tout aussi inacceptable ?
Quel meilleur moyen que la discrimination positive pour installer durablement la discrimination dans le temps ?
Vos méthodes en plus d’être dangereuses, inadmissibles et insensées, apportent des solutions qui le sont tout autant.

Non ! M. Lozès, 8% de députés, d’ambassadeurs ou de ministres noirs n’est pas une solution.
Non ! M. Lozès, Favoriser la création d’entreprises par des chefs d’entreprises Noirs n’est pas une solution.
Non ! M. Lozès, favoriser l’accès au logement des Noirs n’est pas une solution.
Non ! M. Lozès, Mettre en place une bourse aux stages pour les jeunes Noirs.
Je me porte à faux, face à vos solutions et les Français sans distinction d’origine, de race et de religion dans leur grande majorité ne vous suivront pas sur cette pente dangereuse de la discrimination positive.

La seule solution possible, c’est le rejet de toutes les formes de discriminations à l’encontre de toute personne et en tout lieu.
La seule solution possible, c’est la lutte permanente contre les injustices sociales.
La seule solution possible, c’est la réaffirmation du principe d’égalité et cela en saisissant la justice à chaque fois que cela est nécessaire.
La seule solution possible, c’est la réhabilitation de l’école républicaine et laïque et la disparition des préjugés.
La seule solution possible, c’est l’unité du peuple français et de la République française face aux tentations du communautarisme.

Là où vous voyez des noirs, des arabes, des asiatiques, des blancs, des métis, je ne vois que des hommes, je ne vois que des Français. Et c’est sur ce postulat fondamental qu’il nous faut nous appuyer, pour lutter ensemble contre les injustices sociales.

Mais votre association n’est pas la seule à vouloir comptabiliser les gens selon leur race, origine ou religion au déni de la constitution française. La Cnil s’est opposée en avril dernier à la constitution d’un fichier de personnes tirées au hasard dans l’annuaire pour leur nom à consonance juive, et la demande émanait du Conseil représentatif des institutions juives française lui-même.

Je vous le demande M. Lozès, qui représentez-vous ? Et de quel droit entendez-vous parler au nom de ce que vous nommez les noirs français ?

Alors entendez cela, je vous dénie le droit de vous exprimer en mon nom, je vous dénie le droit de me représenter, je vous dénie le droit de me compter en tant que noir, indo-pakistanais, asiatique, arabo berbère, métis ou comme ne faisant pas partie de vos minorités visibles.

Car nous formons un tout, uni et indivisible qu’est le peuple français !

Mercredi 14 Février 2007

On comprend mieux le rappel des éléphants…

La rumeur dit que l’aile socio-démocrate du PS en stocke des caisses pour fêter le passage de François Bayrou au second tour de l’élection présidentielle…

Comme nous le rappelle la Wikipedia, contrairement aux croyances couramment répandues de nos jours, le Gaullisme n’a pas de couleur politique :

Rassemblant des hommes de toutes origines politique autours de l’action d’un homme, le gaullisme est par nature divers. Du vivant du général de Gaulle, les différentes sensibilités du gaullisme s’effaçaient devant l’arbitrage du général de Gaulle. Celui-ci disparu, les différentes formes de gaullisme se sont affronté plus frontalement :

  • « Le néogaullisme », « de droite » (Georges Pompidou, Jacques Chirac). Ce gaullisme, d’abord très proche du gaullisme traditionnel dans les années 70, est ensuite “rentré dans le moule” des autres droites européennes, les néogaullistes défendant l’atlantisme, le libéralisme économique (conversion au début des années 1980) et la construction européenne. Cependant, le néogaullisme, même atlantiste, défend l’idée d’Europe-puissance indépendante des États-Unis.
  • Le gaullisme social et patriotique (Philippe Séguin, Nicolas Dupont-Aignan) : gaullistes défendant la démocratie sociale, sans toutefois remettre en cause le capitalisme (réformisme social-démocrate), ce gaullisme, attaché à la défense de l’indépendance nationale et au rôle de la France dans le monde, est le plus proche du gaullisme traditionnel ;
  • Le gaullisme « de gauche » (Louis Vallon, René Capitant) : fraction remettant en cause le capitalisme pour batir une troisième voie sociale. Voire le pan-capitalisme de Marcel Loichot, qui prévoyait de remetttre progressivement, par la pratique d’une large distribution d’actions, le capital des entreprises aux mains de leurs salariés.

Il est donc faux de qualifier le gaullisme de mouvement de droite, le gaullisme étant souvent plus proche d’un certain “socialisme” que de la droite libérale traditionnelle.

En s’abstenant hier soir de soutenir ouvertement Nicolas Sarkozy, Jacques Chirac a-t-il, volontairement ou non, effectué un retour aux sources du Gaullisme ? Il semble en tout cas avoir inspiré Christophe Carignano, journaliste militant de l’UMP et éminent animateur des blogs Chiraquiens.

Nostalgique de la volonté Gaullienne de rassembler par-delà les frontières partisanes, Christophe Carignano a constaté que parmi les candidats à l’élection présidentielle de 2007 c’est François Bayrou qui seul porte les valeurs républicaines qui lui sont chères. Voici un extrait de son message :

“Je ne peux pas me résoudre à me rallier à Nicolas Sarkozy pour de multiples raisons tenant au contenu de son programme présidentiel qui ne vise qu’à diviser les français.

Le projet de François Bayrou est celui qui correspond aujourd’hui le plus à mes convictions. Je pense que le bipartisme a vécu et que des partis politiques comme l’UMP, complètement verrouillé par les sarkozystes, ne correspondent plus aux attentes des français. La perspective d’une union nationale qui dépasserait les frontières gauche-droite est un fantastique espoir pour notre nation.

En tant chiraquien, je mesure la responsabilité de mon soutien à François Bayrou. Je vais peut-être perdre quelques amis, mais j’ai toujours voulu affirmer mes engagements, je le fais encore aujourd’hui sans détour. L’allocution du Président de la République, ce soir, me conforte dans ce choix de soutenir le candidat UDF.

En tant que créateur de la communauté des blogs chiraquiens, je ne peux qu’espérer, même si chacun demeure plus que jamais libre de ses choix, que ses blogueurs me rejoignent dans ce soutien à François Bayrou”.

On notera bien que Christophe Carignano n’a aucunement l’intention de quitter l’UMP pour rejoindre l’UDF. C’est une nuance importante : l’objectif de François Bayrou n’est pas d’imposer l’UDF à tous les Français mais bien de faire travailler ensemble les citoyens de bonne volonté qui partagent un ensemble de valeurs.

Dans l’article “Ségolène Royal estime que les éléphants ne l’ont pas assez soutenue” publié le 11 Mars par Le Monde avec AFP et Reuters, est rapportée la position de la candidate socialiste face à François Bayrou :

Face à la montée de François Bayrou dans les sondages, la candidate socialiste s’est montrée confiante. Elle a estimé ne pas imaginer être absente du second tour de l’élection présidentielle. “Je ne l’imagine pas et, en tout cas, le combat qui est devant moi je vais le conduire avec une très forte détermination”. Cinq ans après, “ce que je ne veux pas c’est que les Français soient privés de ce choix fondamental” entre la droite et la gauche, a-t-elle insisté.

UMP vs. PS ? C’est ça le choix fondamental ? Heureusement que Ségolène Royal est là pour nous défendre notre choix fondamental et nous rappeler ce qu’il doit être.

Quelqu’un peut-il lui expliquer que le monde ne se résume pas à deux pôles ? La pauvre Ségolène manque cruellement d’imagination dans la recherche de solutions.

Dans son article “Bipolarisation, quand tu nous tiens…Cyril Lemieux, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales fait le point sur la question de la répartition du temps de parole. Il commence par mentioner la discrimination persistante à l’égard de François Bayrou :

“C’était hier la dernière émission de «J’ai une question à vous poser» sur TF1 et l’occasion, une nouvelle fois, de s’interroger : en vertu de quoi François Bayrou qui était l’invité principal a-t-il eu moins de temps de parole que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal qui furent pour leur part les invités exclusifs de l’émission ?

En vertu de quoi Dominique Voynet, José Bové et Arlette Laguiller, invités eux aussi hier soir, ont-ils eu beaucoup moins de temps de parole que François Bayrou ?”

Mais surtout il mentionne la mise en application du principe d’égalité du temps de parole dès l’ouverture officielle de la campagne :

“Comme on le sait, selon la recommandation du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, lorsque la campagne sera ouverte officiellement, ne devra plus prévaloir à la télévision et à la radio que le principe d’une stricte égalité des temps de parole. Du point de vue de la théorie de Rawls, on peut dire que certains citoyens seront à partir de ce moment-là grandement avantagés : en effet, tous les électeurs des «petits» candidats auront proportionnellement un temps de parole par procuration (via leur candidat) nettement plus important que celui dont bénéficieront les électeurs des «gros» candidats (ainsi, par exemple, un candidat représentant 1% des électeurs aura autant de temps de parole qu’un autre qui en représente 25%)”.

La conclusion que j’en tire est qu’à partir de l’ouverture officielle de la campagne, les sites web prendront une importance supérieure à celle qu’ils avaient pendant la période précédente, tout simplement parce qu’ils ne sont pas soumis aux règles du CSA. Alors plus que jamais c’est le moment d’accélérer la communication sur ce canal qui même si il reste bien léger face au rouleau compresseur des médias de masse prendra néanmoins dans les semaines à venir une importance encore jamais égalée dans l’histoire de la vie politique Française.

Les analyses de la campagne qui suivront les élections montreront dans quelle mesure cette intuition se vérifiera, mais ce n’est qu’une question quantitative. La pénétration du haut débit en France est telle que les contenus audio et vidéo sont maintenant des articles de consommation courante. En tant que média de masse la toile est encore loin de la maturité mais comme en témoigne l’essor du commerce électronique, notamment à l’occasion des fêtes de fin d’année 2006, sa pénétration atteint maintenant largement le grand public.

Alors ce canal de communication se surestime-t-il ou bien est-il sous estimé ? Je n’ai pas les éléments me permettant de répondre à la question, mais comme pour bien des choses dans la campagne présidentielle 2007 il ne faut pas exclure des surprises.

Le 5 Janvier 2007, le chef de l’exécutif d’un Etat d’envergure comparable à celle de la France a fait un discours que n’aurait pas renié François Bayrou. En voici des extraits :

[..]

Like Paul on the road to Damascus , I had an experience that opened my eyes. And what was it that I saw? I saw that people, not just in California , but across the nation, were hungry for a new kind of politics, a politics that looks beyond the old labels, the old ways, the old arguments.

As a matter of fact, the California historian Kevin Starr says that we must think of ourselves as belonging not just to the Republican Party or the Democratic Party…but to the Party of California … because California is a collective ideal worth preserving.

The Party of California is beyond ideology and one to which all of us belong.

There are growing numbers of independent voters in this state. In fact, if the current trend continues, they will outnumber each of the major parties in 20 years from now. They like some of the Republican ideas. But they also like some of the Democratic ideas. At the same time they think some Republican ideas are too far right. They think some Democratic ideas are too far to the left. And they rightly know that if you stick to just one party’s proposals you miss half of the good ideas.

Some pundits said that I won reelection because I co-opted the Democratic agenda. Some said that the Democratic Legislature, by working with me to increase the minimum wage or to reform prescription drug costs, abandoned the Democratic nominee for governor. This is the kind of partisan thinking that frustrates the voters and diminishes our democracy.

The people are disgusted with a mindset that would rather get nothing done than accomplish something through compromise. I want to thank the Legislature for taking action this past year on behalf of the people, not politics. I thank them for taking that risk.

The question is not what are the needs of the Republicans or the Democrats? The real question is what are the needs of our people? We don’t need Republican roads or Democratic roads. We need roads. We don’t need Republican health care or Democratic health care. We need health care.

We don’t need Republican clean air or Democratic clean air. We all breathe the same air.

When California ’s leaders have worked together, we have accomplished great things.

[..]

Ladies and gentlemen, we face important issues that should unite us. I believe that we have an opportunity to move past partisanship… to move past bi-partisanship… to move to post-partisanship. Post-partisanship is not simply Republicans and Democrats each bringing their proposals to the table and then working out the differences. No, post-partisanship is Republicans and Democrats actively giving birth to new ideas together.

I believe that it will would promote a new centrism and a new trust in our political system. And I believe that we have a window to do it right now.

At one time, the greatest public policy innovations came from the liberals, such as during the New Deal. Then the most innovative ideas came from the conservatives, such as Ronald Reagan. It is time we that combined the best of both ideologies into a new creative center. But this is a dynamic center that is not held captive by either the left or the right or the past.

Centrist does not mean weak. It does not mean watered down or warmed over. It means well-balanced and well-grounded. The American people are instinctively centrist…so should be our government. America ’s political parties should return to the center. They should return to the center where the people are.

No one ideology can solve prison reform or immigration reform or any other of the challenges facing us. It will take the best ideas of everybody, everyone. It will take creative thinking. It will take negotiations. And it will take letting go of the past.

[..]

So as I begin this new term as your governor, I make this simple pledge to the people of California . I will look to the future. I will look to the center. And I will look to the dreams of the people.

Pour ceux qui ne l’auraient pas reconnu, il s’agit du second discours d’investiture d’Arnold Scharzenegger en tant que Gouverneur de Californie. Comme quoi les idées centristes font leur chemin même dans les contextes les plus inattendus.

Remplacez le nom du pays et ceux des partis, traduisez en français… On y croirait non ?

Alors, François Bayrou sera-t-il le Terminator de l’élection présidentielle 2007 ?

No problemo !

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