Thu 7 Aug 2008
Le Figaro censure ignominieusement les commentaires et n’assume pas ses choix éditoriaux au sujet du Rwanda
Posté par Jean-Marc Liotier dans Afrique , Armées[7] commentaires
Suite à la parution du rapport d’une commission Rwandaise apportant un nouveau lot d’accusations à l’encontre de la France et de son rôle honteux pendant le génocide de 1994, le Figaro a publié deux articles illustrés par la photo suivante :
Évidemment, je n’ai pas pu m’empêcher de commenter. Choisir comme illustration d’un article sur l’intervention de la France dans le génocide Rwandais l’image d’un soldat Français dans une pose bienveillante auprès de deux enfants Rwandais ravis avec en arrière plan deux femmes souriantes est d’une malhonnêteté éditoriale crasse. La vérité historique du rôle de la France est encore sujette à controverse, mais une chose est certaine : l’immonde massacre organisé pendant lequel une large tranche de la population Rwandaise menée par des extrémistes a exterminé 10% des habitants du pays en cent jours sous les yeux de la communauté internationale n’a rien à voir avec cette photo dans la droite ligne de la propagande qui a entourée l’opération Turquoise. J’ai ajouté à mon commentaire qu’il est heureux que le ridicule ne tue pas car le génocide serait loin d’être terminé.
Apparemment mon commentaire n’a pas plu aux censeurs du Figaro qui ont tôt fait de le faire disparaître. On peut applaudir la fidélité de ce journal à la ligne du gouvernement. C’est exactement le genre de comportement qui explique pourquoi après quatorze ans la France n’a toujours pas fait face à ses responsabilité et assumé son rôle dans la crise Rwandaise. Un débat démocratique est nécessaire, les archives doivent être ouvertes et la vérité doit émerger. Peut-être que la France n’a pas été plus mauvaise qu’ailleurs ou peut-être qu’elle s’est abandonnée à des errements coupables. Quoi qu’il en soit il ne s’agit pas de faire de l’auto-flagellation gratuite, mais simplement d’admettre nos erreurs et de les expliquer pour qu’elles ne soient pas reproduites.
Le fait que certains responsables politiques de l’époque soient toujours en activité ne facilite pas la transparence. Mais contrairement à ce que pensent les pseudo-défenseurs de l’honneur de la France, continuer à tourner le dos au débat n’est pas un service que nous rendons à notre pays !
Et si ces accusations sont si fausses, les personnes visées feraient bien de porter plainte pour diffamation – ce serait l’occasion du déballage tant attendu. Ou peut-être qu’elles ont des choses à cacher.