Dans son article “Bipolarisation, quand tu nous tiens…Cyril Lemieux, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales fait le point sur la question de la répartition du temps de parole. Il commence par mentioner la discrimination persistante à l’égard de François Bayrou :

“C’était hier la dernière émission de «J’ai une question à vous poser» sur TF1 et l’occasion, une nouvelle fois, de s’interroger : en vertu de quoi François Bayrou qui était l’invité principal a-t-il eu moins de temps de parole que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal qui furent pour leur part les invités exclusifs de l’émission ?

En vertu de quoi Dominique Voynet, José Bové et Arlette Laguiller, invités eux aussi hier soir, ont-ils eu beaucoup moins de temps de parole que François Bayrou ?”

Mais surtout il mentionne la mise en application du principe d’égalité du temps de parole dès l’ouverture officielle de la campagne :

“Comme on le sait, selon la recommandation du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, lorsque la campagne sera ouverte officiellement, ne devra plus prévaloir à la télévision et à la radio que le principe d’une stricte égalité des temps de parole. Du point de vue de la théorie de Rawls, on peut dire que certains citoyens seront à partir de ce moment-là grandement avantagés : en effet, tous les électeurs des «petits» candidats auront proportionnellement un temps de parole par procuration (via leur candidat) nettement plus important que celui dont bénéficieront les électeurs des «gros» candidats (ainsi, par exemple, un candidat représentant 1% des électeurs aura autant de temps de parole qu’un autre qui en représente 25%)”.

La conclusion que j’en tire est qu’à partir de l’ouverture officielle de la campagne, les sites web prendront une importance supérieure à celle qu’ils avaient pendant la période précédente, tout simplement parce qu’ils ne sont pas soumis aux règles du CSA. Alors plus que jamais c’est le moment d’accélérer la communication sur ce canal qui même si il reste bien léger face au rouleau compresseur des médias de masse prendra néanmoins dans les semaines à venir une importance encore jamais égalée dans l’histoire de la vie politique Française.

Les analyses de la campagne qui suivront les élections montreront dans quelle mesure cette intuition se vérifiera, mais ce n’est qu’une question quantitative. La pénétration du haut débit en France est telle que les contenus audio et vidéo sont maintenant des articles de consommation courante. En tant que média de masse la toile est encore loin de la maturité mais comme en témoigne l’essor du commerce électronique, notamment à l’occasion des fêtes de fin d’année 2006, sa pénétration atteint maintenant largement le grand public.

Alors ce canal de communication se surestime-t-il ou bien est-il sous estimé ? Je n’ai pas les éléments me permettant de répondre à la question, mais comme pour bien des choses dans la campagne présidentielle 2007 il ne faut pas exclure des surprises.