Je reproduis ici le texte intégral cette lettre ouverte à M. Lozès, président du CRAN parce qu’elle exprime tout à fait bien le fonds de ma pensée. Il est rare qu’une problématique m’énerve vraiment – le sujet habituel qui me fait monter sur mes grands chevaux est la liberté d’expression – mais l’introduction du recensement ethnique me semble tellement horrible et contraire à toutes mes valeurs humanistes et républicaines qu’il me parait urgent de prendre les armes pour y faire face.

Au travers de mes voyages et au travers de mes réseaux relationnels je peux me vanter d’une connaissance non négligeable de l’Afrique. Beaucoup d’etats y ont la malchance de voir la vie sociale et politique dominée par des problématiques ethniques délétères qui anéantissent la démocratie telle que nous la concevons et renforcent des clivages empreints de jalousies souterraines. Je souhaite à la France de ne jamais tomber aussi bas.

J’ai serré la main à des membres de ma famille et de ma belle famille d’une quinzaine de nationalités et représentant une demie-douzaine de religions de toutes les couleurs de l’arc en ciel, mes amis et mes collègues viennent d’horizons encore plus variés et nous avons tous en commun d’appartenir à la société des hommes, une et indivisible.


Lettre ouverte à M. Lozès, président du CRAN – Par Geoffrey Livolsi, citoyen français

Je vous dénie le droit de vous exprimer en mon nom, je vous dénie le droit de me représenter, je vous dénie le droit de me compter en tant que noir, indo-pakistanais, asiatique, arabo berbère, métis ou comme ne faisant pas partie de vos minorités visibles.Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir réintroduit en France, le comptage ethnique !

Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir fait revivre le comptage des gens par couleur ou par origine, comme ce fut le cas pendant les périodes les plus sombres de notre histoire que fut l’esclavage, la colonisation et le régime de Vichy.
Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir franchi un pas de plus vers l’ethnicisation de la nation française.
Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir divisé les français selon qu’ils soient noirs ou non noirs.
Vous porterez à jamais la responsabilité d’avoir réduit des êtres humains, à leur simple couleur de peau ou origine ethnique.
Vous porterez à jamais la responsabilité de nous avoir réduit qu’à la simple définition, de noir, d’arabo-berbère, d’indo-pakisatanais, de métis, d’asiatique, ou d’une autre « minorité visible » comme vous nous nommés.Mais M. Lozès, je ne suis ni noir, ni arabo berbère, ni indo-pakistanais, ni métis, ni asiatique, ni d’une autre minorité visible ! C’est vous qui m’enfermez dans ma couleur et dans mon origine ethnique, c’est vous qui faîtes de moi une minorité en me concevant ainsi.

Non M. Lozès, je ne suis rien de cela, je refuse d’être réduit à ma couleur, et je vous dénie le droit de me désigner ainsi !
Je suis français et seulement français, et je ne suis pas comme vous le dites « Noir et français ». Alors que je n’aspire qu’à être considéré qu’ainsi, vous me renvoyez à ma couleur.

Vous vous en prenez ainsi à l’un des principes fondamentaux de la République française qui ne connaît que des citoyens « sans distinction d’origine, de race ou de religion ».

En évoquant la soit disante inefficacité du modèle d’intégration républicain, vous voulez faire passer une carence de République dans certains territoires pour un échec de celle-ci. Sous couvert de vouloir favoriser la diversité, vous plaidez la cause de la discrimination positive et des quotas ethnique, en racialisant ainsi les questions sociales.

Votre discrimination positive, ou action positive comme vous préférez la nommer n’est ni plus ni moins que l’instauration institutionnelle de l’injustice.

Quel meilleur moyen que la discrimination positive pour dévaloriser ceux qui souffrent de discrimination, en instituant la couleur de peau ou l’origine ethnique comme un critère de recrutement ?
Quel meilleur moyen que la discrimination positive pour attiser la jalousie, pour diviser le peuple français, et pour troquer une injustice par une autre tout aussi inacceptable ?
Quel meilleur moyen que la discrimination positive pour installer durablement la discrimination dans le temps ?
Vos méthodes en plus d’être dangereuses, inadmissibles et insensées, apportent des solutions qui le sont tout autant.

Non ! M. Lozès, 8% de députés, d’ambassadeurs ou de ministres noirs n’est pas une solution.
Non ! M. Lozès, Favoriser la création d’entreprises par des chefs d’entreprises Noirs n’est pas une solution.
Non ! M. Lozès, favoriser l’accès au logement des Noirs n’est pas une solution.
Non ! M. Lozès, Mettre en place une bourse aux stages pour les jeunes Noirs.
Je me porte à faux, face à vos solutions et les Français sans distinction d’origine, de race et de religion dans leur grande majorité ne vous suivront pas sur cette pente dangereuse de la discrimination positive.

La seule solution possible, c’est le rejet de toutes les formes de discriminations à l’encontre de toute personne et en tout lieu.
La seule solution possible, c’est la lutte permanente contre les injustices sociales.
La seule solution possible, c’est la réaffirmation du principe d’égalité et cela en saisissant la justice à chaque fois que cela est nécessaire.
La seule solution possible, c’est la réhabilitation de l’école républicaine et laïque et la disparition des préjugés.
La seule solution possible, c’est l’unité du peuple français et de la République française face aux tentations du communautarisme.

Là où vous voyez des noirs, des arabes, des asiatiques, des blancs, des métis, je ne vois que des hommes, je ne vois que des Français. Et c’est sur ce postulat fondamental qu’il nous faut nous appuyer, pour lutter ensemble contre les injustices sociales.

Mais votre association n’est pas la seule à vouloir comptabiliser les gens selon leur race, origine ou religion au déni de la constitution française. La Cnil s’est opposée en avril dernier à la constitution d’un fichier de personnes tirées au hasard dans l’annuaire pour leur nom à consonance juive, et la demande émanait du Conseil représentatif des institutions juives française lui-même.

Je vous le demande M. Lozès, qui représentez-vous ? Et de quel droit entendez-vous parler au nom de ce que vous nommez les noirs français ?

Alors entendez cela, je vous dénie le droit de vous exprimer en mon nom, je vous dénie le droit de me représenter, je vous dénie le droit de me compter en tant que noir, indo-pakistanais, asiatique, arabo berbère, métis ou comme ne faisant pas partie de vos minorités visibles.

Car nous formons un tout, uni et indivisible qu’est le peuple français !

Mercredi 14 Février 2007