Je crois que je suis loin d’être le seul à avoir fait le rapprochement – comme d’habitude sur la toile, un même stimulus perçu par des personnes de culture similaire produit les mêmes effets. Mais comme je n’ai pu repérer que des échos lointains de cette réflexion il me semble important de la mentionner : la série de destructions de radars automatiques commise ces derniers mois en région Parisienne me fait irrésistiblement penser à la Guerre des Parcmètres menée par le Gang des Gaffeurs avec Gaston Lagaffe à sa tête.

Faible face à la force publique, ces croisés s’attaquent à un outil du système d’exercice de la répression par le pouvoir. Le motif est en apparence économique, mais dans les deux cas un message politique transparaît à l’encontre du dominant. Malgré la réalité des dégradations et leur coût pour la collectivité, l’absence de victimes et le choix du symbole visé flattent les fantasmes de rébellion des masses et auréolent les perpétrateurs d’un capital de sympathie qui n’est pas sans rappeler le frisson de la transgression adolescente.

L’enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT), est coordonnée par le parquet antiterroriste de Paris. Il peut paraître excessif de lancer l’appareil antiterroriste à la poursuite d’une bande de vandales. Mais rappelez-vous : du faible au fort les symboles ne sont pas des objets secondaires de la lutte, ils en sont l’essence même. Le gouvernement à donc tout intérêt à ne pas laisser les facéties d’aventuriers picaresques forger un mythe qui érodera le vernis de son image et sapera son autorité. La crédibilité du système répressif qui se construit en France de jour en jour est à ce prix.