Lorsqu’on regarde l’arborescence des causes du massacre de Charlie Hebdo, on y trouve la question de la radicalisation. Les commentaires mentionnent le rôle qu’y jouent la prison et les médias sociaux mais ils ne sont que des outils génériques et non consubstantiels du processus de radicalisation. La question cruciale est loin en amont – c’est l’éducation des jeunes et le soutien à leur intégration sociale. Si les parents et l’Etat abandonnent le terrain, il sera occupé par d’autres – quels que soient, le lieu, l’époque et la technologie. A chaque fois qu’un état abandonne chroniquement une frange de la société, elle est récupérée par ceux qui s’y investissent, avec les techniques historiquement bien rodées de l’embrigadement – bien des mouvements en ont tiré profit. Si l’Etat est trop myope pour ne pas voir la nécessité de déployer du monde sur le terrain social (physique ou virtuel) auprès de ces jeunes et donc des moyens, s’il ne voit pas que la paupérisation et l’insécurité sociale désespèrent et poussent à explorer d’autres horizons idéologiques, alors c’est perdu d’avance. A contrario, on n’a jamais vu quelqu’un ayant foi dans son propre avenir s’adonner à des actes antisociaux violents prémédités (à part des banquiers et des hommes politiques – mais c’est une autre question). Un proverbe Africain dit: si les jeunes du village ne sont pas initiés dans la tribu alors ils le bruleront juste pour sentir un peu de chaleur. Si nous continuons à abandonner notre jeunesse, les mêmes causes produiront les mêmes effets… Aucun arsenal sécuritaire et répressif n’y changera quoi que ce soit.