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(Billet initialement publié sur Seenthis)

J’ai participé hier à une réunion de l’UMP au sujet de du projet de loi sur le renseignement. Je ne suis pas membre de l’UMP (après avoir milité à l’UDF en son temps, je ne suis actuellement membre d’aucun parti) mais comme la vie politique locale est fortement dominée par l’UMP, animer le débat local passe forcément par l’interaction avec ses membres.

Comme il s’agissait d’une réunion interne, je ne publierai aucune citation et je ne nommerai pas les présents – des élus notamment, dont certains avec des fonctions significatives au sein du parti. L’objet du présent article est de rapporter les principales positions présentées aux militants par les cadres de l’UMP, afin de mieux comprendre la position du parti dans le débat – il s’agit de ma perception hautement subjective de la teneur des propos et ne peut en aucun cas engager l’UMP ou ses membres.

En résumé, l’UMP considère que ce projet de loi est un progrès et en souligne l’urgence, tout en critiquant certaines de ses dispositions.

L’intervenant principal déplore l’étendue du champ d’application de la loi – il la considère légitime à l’encontre du terrorisme mais exprime de fortes réserves concernant son application à d’autres domaines. La concrétisation de ces réserves en termes d’action politique ne me semble néanmoins pas claire.

L’intervenant principal considère le terrorisme comme une menace exogène dont des organisations militantes essentiellement étrangères sont à l’origine – il met donc logiquement à plusieurs reprises en avant une réponse d’ordre militaire.

L’intervenant principal est favorable à l’inclusion de l’administration pénitentiaire dans le cercle des bénéficiaires de la collecte de données et le justifie par la radicalisation des terroristes en prison.

Contrairement à ce que j’attendais d’une personne éloignée de la technique, l’intervenant principal est parfaitement conscient du risque de production massive de faux positifs par les dispositifs de collecte. Néanmoins sa conclusion n’est pas l’inadéquation des dispositifs mais la nécessité de l’analyse humaine pour traiter les données collectées. Le thème de l’insuffisance des moyens humains alloués à l’analyse et à l’exploitation du renseignement est  récurrent dans son discours.

A ma très grande surprise, l’intervenant principal soutient la nécessité du contrôle judiciaire et déplore l’insuffisance d’un contrôle à posteriori. Il suggère le principe d’un organe de contrôle reliant juges et représentants de l’exécutif pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs. Dubitatif au sujet de l’efficacité de la commission de contrôle proposée, il se demande comment elle pourra être saisie par un citoyen qui n’a aucun moyen de déterminer qu’il est l’objet d’une surveillance abusive.

Une question de l’audience a soulevé la problématique de la coopération internationale. L’intervenant principal a répondu en soulignant sa nécessité oubliée par un projet de loi insulaire mais il a aussi rappelé que les intérêts de la France ne sont pas toujours alignés avec ceux de ses partenaires – l’intégration de la contrainte diplomatique rend donc l’exercice d’une coopération efficace éminemment délicat, au-delà de toute considération technique.

Vu l’audience présente, je suis intervenu pour rappeler l’impact d’une telle loi sur l’économie Française lorsque les investisseurs étrangers décideront d’éviter d’héberger des données et des services sous l’emprise de ses dispositions. Cette objection m’a semblé bien comprise par l’intervenant principal – sa réaction a rejoint sa critique susmentionnée visant le champ d’application immense et flou. L’UMP semble souhaiter un cadrage concentrant clairement les mesures sur le terrorisme et attribue au gouvernement la responsabilité du débordement du projet de loi dans toutes les directions – peut-être un moyen de se distancier prudemment de la prise de risques concernant l’intimité des citoyens.

Lorsqu’on regarde l’arborescence des causes du massacre de Charlie Hebdo, on y trouve la question de la radicalisation. Les commentaires mentionnent le rôle qu’y jouent la prison et les médias sociaux mais ils ne sont que des outils génériques et non consubstantiels du processus de radicalisation. La question cruciale est loin en amont – c’est l’éducation des jeunes et le soutien à leur intégration sociale. Si les parents et l’Etat abandonnent le terrain, il sera occupé par d’autres – quels que soient, le lieu, l’époque et la technologie. A chaque fois qu’un état abandonne chroniquement une frange de la société, elle est récupérée par ceux qui s’y investissent, avec les techniques historiquement bien rodées de l’embrigadement – bien des mouvements en ont tiré profit. Si l’Etat est trop myope pour ne pas voir la nécessité de déployer du monde sur le terrain social (physique ou virtuel) auprès de ces jeunes et donc des moyens, s’il ne voit pas que la paupérisation et l’insécurité sociale désespèrent et poussent à explorer d’autres horizons idéologiques, alors c’est perdu d’avance. A contrario, on n’a jamais vu quelqu’un ayant foi dans son propre avenir s’adonner à des actes antisociaux violents prémédités (à part des banquiers et des hommes politiques – mais c’est une autre question). Un proverbe Africain dit: si les jeunes du village ne sont pas initiés dans la tribu alors ils le bruleront juste pour sentir un peu de chaleur. Si nous continuons à abandonner notre jeunesse, les mêmes causes produiront les mêmes effets… Aucun arsenal sécuritaire et répressif n’y changera quoi que ce soit.

Le rapport Democracy Index 2010 de The Economist classe la France comme “democratie défectueuse” avec un score inférieur à ceux de l’Afrique du Sud et de l’Italie… Un extrait :

“Diverses tendances politique négatives en France ces dernières années ont entraîné dans la rétrogradation du pays dans la catégorie démocratie défectueuse. La confiance publique envers les partis politiques et le gouvernement est extrêmement faible. Les enquêtes montrent également que l’engagement politique des citoyens a diminué. Le soutien populaire pour la démocratie est parmi les plus faibles du monde développé. Une personne sur sept ne croit pas que la démocratie est meilleure que toute autre forme de gouvernement. Le fossé entre les citoyens et les élites politiques s’est élargi. Les violentes émeutes de ces dernières années sont un autre symptôme du malaise politique du pays. Dans le cadre du système politique français, le président exerce un pouvoir énorme. Le style autocratique et autoritaire de l’actuel président, Nicolas Sarkozy, risque de miner les traditions démocratiques. Il a augmenté le sentiment anti-musulman et l’accent mis sur les racines chrétiennes du pays lors de la présidence Sarkozy. La pression sur les journalistes et les médias électroniques ont conduit à un recul de la libertés des médias”.

Si même The Economist le dit… Ca valait au moins une petite traduction ? Merci à Nicolas et à ceux qui l’ont élu.

Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

Jusque-là ignorés du Code de la Route, les patineurs sont assimilés à des piétons. Le Ministère vient de donner un accord de principe sur le futur statut du patineur et du skateur. L’entrée en vigueur des nouvelles dispositions est attendue pour la fin 2009 – début 2010 à l’issue d’une validation finale par le prochain Comité Interministériel de la Sécurité Routière.

Lorsqu’ils circulent sur les trottoirs et les aires piétonnes, les patineurs restent assimilés à des piétons. Ils continueront ainsi à bénéficier d’un régime juridique très protecteur. En dehors de ces cas, ils seront considérés comme des véhicules. A noter que, comme pour les cyclistes, les amendes encourue seront identiques aux automobilistes.

L’adolescent qui est en moi s’accomodait fort bien de la délicieuse marginalité du statut du patineur. Mais en tant que citoyen je dois admettre qu’une clarification est la bienvenue, ne serait-ce que pour des questions de responsabilité civile.

En attendant, les questions juridiques relatives au roller trouveront leur réponse dans l’exégèse législative de Légi-Roll dont j’ai souvent une copie dans mon sac à dos pour toutes les occasions où la maréchaussée m’invite à un débat juridique impromptu.

Je viens d’apprendre que le ministre de l’Éducation Nationale, M. Luc Chatel, a décidé de supprimer l’histoire et la géographie comme matières obligatoires en terminale scientifique. Il se propose néanmoins de les maintenir dans un cadre optionnel avec un module de deux heures hebdomadaires.

Ancien élève de ce que l’on appelle une terminale scientifique (une terminale C en l’occurrence), économiste et spécialiste en recherches stratégiques, Jacques Sapir s’est senti personnellement interpellé par cette mesure et il nous en livre sa critique à laquelle j’adhère entièrement.

Quels citoyens voulons nous pour demain ? Je suis persuadé qu’il n’est pas possible, sans la compréhension du monde contemporain apportée par ces enseignements, d’être un citoyen impliqué et armé pour élever notre société. J’espère que le ministre de l’Éducation Nationale reviendra sur cette décision.

Des négociations étant en cours entre mon employeur et moi au sujet de notre différent sur l’expression du consommateur lorsqu’il est également employé, j’ai décidé pour apaiser les tensions de retirer de la publication toute mention de SFR – en mal comme en bien : sans la liberté de blamer il n’est point d’éloge flatteur. Les commentaires de cet article sont également fermés – vous débattrez donc ailleurs du droit à la vie personnelle et du pouvoir d’une entreprise sur ses salariés.

Le Commissaire Thomas Hammarberg (Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe) s’est rendu en France au mois de mai 2008. Au cours de cette visite, le Commissaire a rencontré les Ministres de la Justice, de l’Immigration, du Logement et de la Ville, la plupart des institutions nationales chargées de la protection des droits de l’homme et des représentants de la société civile. Il a ainsi pu évoquer certaines questions de droits de l’homme et notamment les droits des détenus, l’asile et l’immigration et la protection des Roms et Gens du voyage.

Dans le résumé de son rapport, je note que “le Commissaire attire l’attention des autorités françaises sur les risques associés à la détermination à priori du nombre de migrants irréguliers à reconduire aux frontières. Il convient d’analyser les conséquences sur les méthodes d’interpellations et la pratique administrative“. Nous avions fermement dénoncée l’introduction des quotas d’expulsion, et je suis ravi de voir une autorité Européenne exposer les travers de cette regrettable méthode.

Voici extraite du rapport la section traitant des conséquences de la définition d’objectif chiffré de reconduites d’étrangers :

“Depuis 2005, les autorités françaises ont pris la décision de déterminer en début d’année le nombre d’étrangers irréguliers qu’il convient d’éloigner volontairement ou non avant le 31 décembre. Cet objectif est passé de 20 000 reconduites en 2005 à 26 000 pour l’année 2008. Les autorités reconnaissent toutefois qu’elles ne pourront pas par ce biais mettre un terme à la présence d’étrangers irréguliers sur le territoire français – estimés entre 400 000 et 600 000. La détermination de cet objectif quantitatif semble donc plus dépendante de la capacité supposée de l’administration à les atteindre que de la volonté de faire disparaître un tel phénomène.

Comme indiqué dans le cadre de sa visite des zones d’attentes de l’aéroport de Roissy et du CRA du Mesnil-Amelot, le Commissaire craint que la pression engendrée par les objectifs chiffrés de reconduite à la frontière pousse les force de l’ordre à procéder à de plus en plus d’interpellations avec des méthodes parfois contestables. [..] Ces pratiques illégales sont heureusement exceptionnelles mais démontrent l’impact que peut avoir une politique centrée sur la réalisation de chiffres où le quantitatif prime parfois sur la nécessaire obligation de respecter les droits des individus”.

La remarque que “la détermination de cet objectif quantitatif semble donc plus dépendante de la capacité supposée de l’administration à les atteindre que de la volonté de faire disparaître un tel phénomène” me semble être un indice renforçant mon idée que ce genre de mesure prise en matière d’immigration par la France relève plus de la gesticulation médiatique simpliste à l’usage de l’électorat que de la délicate construction d’une politique réaliste intégrant la complexité du phénomène des migrations.

En se focalisant sur la gesticulation médiatique on accroit la souffrance des migrants sans atteindre l’objectif présenté (aussi discutable soit-il) et en contribuant encore moins à l’utilité globale. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’y a pas de quoi être fier et que nous pouvons faire beaucoup mieux – notre société a beaucoup à gagner si elle parvient à exiger du monde politique que la prise en compte des migrations ne soit plus un domaine où les rationalités sociales et économiques sont laminées par la gestion des peurs régressives de l’électorat.

Quand aux gouvernants qui prétendent qu’on peut sérieusement envisager de déporter presque 1% de la population de la France (600000 sur 60 millions), j’ai peur d’apprendre quels sont les sources historiques de leurs études de faisabilité.

Je profite de cet article pour saluer le gouvernement Malien qui oppose une vive résistance à la pression de la France pour la signature de l’accord « gestion concertée des flux migratoires et co-développement ». Il est heureux que des gouvernements nous aident à contrer les plans de ceux qui veulent faire de la cité Européenne une forteresse consanguine.

Il y a deux mois, je suis tombé sur un témoignage personnel d’un OMLT Français en Afghanistan au sujet de son expérience au contact des troupes Américaines. Point de grande littérature, mais un texte simple et émouvant par sa spontanéité. J’ai pensé que porter à la connaissance du monde anglophone ce petit témoignage d’amitié Franco-Américaine serait utile et participerait modestement à sa manière au renfort de liens quelques peu distendus par les divergences diplomatiques de ces dernières années que le monde médiatique n’a pas manqué de transformer en tensions populaires. J’ai donc immédiatement produite une traduction en anglais de l’article français. Je me doutais aussi que cette traduction trouverait son public aux Etats Unis et ailleurs, mais je ne m’attendait pas à ce qu’elle provoque un tel écho. Cinquante mille lectures en deux semaines (et ça continue) ainsi qu’une foule de commentaires sur l’article et sur d’autres sites, sans compter des messages de remerciement. C’est dix à cinquante fois le trafic qu’attire en un an une page convenablement fréquentée de mon blog anglophone. J’ai du toucher un point sensible. Les Américains auraient-ils besoin qu’on les aime ?

J’avais effectuée une traduction plutôt rapide et j’en viens presque à regretter de ne pas m’y être plus appliqué ! Sans tomber dans les psyops délibérées, il est bon de rappeler au monde qu’au dela des intérêts ponctuellement conflictuels, les liens qui nous unissent sont bien plus forts et que l’amitié Franco-Américaine n’est pas un vain mot. Je suis heureux d’y avoir contribué.

Dans un article du Monde analysant la décision de suppression de la publicité sur les chaînes publiques, Arnaud Montebourg est cité déclarant que “moins il y a de services publics forts, plus ça arrange les libéraux qui vont donc maintenant – c’est ça l’arrière-pensée – distribuer l’argent de la publicité à leurs amis”. Quelqu’un peut-il m’expliquer le rapport entre les idées libérales et cette corruption présumée ? Le Parti Socialiste est-il à ce point à cours d’idées qu’il en arrive à faire ce déplorable amalgame démagogique entre les idéaux libéraux et notre expérience d’un gouvernement Sarkozy où ils sont largement dominés par les pulsions rétrogrades du conservatisme médiacratique ?

D’un point de vue plus large, pourquoi le parti socialiste et son aile populiste auto-proclamée “anti-libérale” s’entêtent-ils à ériger le libéralisme en épouvantail ? En Europe, le qualificatif « libéral » sert la plupart du temps à désigner une personne favorable au libéralisme économique, sans nécessairement faire référence à la philosophie libérale. C’est fort dommage d’imposer de telles réductions. Aux États-Unis, on appelle « liberals » des sociaux-démocrates, ce qui les place à la gauche : l’accent est mis sur la liberté de mœurs et l’égalité. L’article de la Wikipedia sur le libéralisme Américain qui vit notamment au travers du parti Démocrate vous ouvrira certainement des horizons historiques.

Pour en revenir au sujet du jour, je rejoint les opinion de François Sauvadet qui note les conséquences négatives de nouvelles taxes, et de François Bayrou qui souligne le péril pour l’indépendance du service public vis-à-vis du pouvoir en déclarant “on a rarement vu un plan aussi déterminé de mise sous contrôle de la télévision”. Une fois encore, Nicolas Sarkozy montre son vrai visage. N’en déplaise à la gauche Française il n’est pas libéral : il fait systématiquement le choix du dirigisme. A quand le prochain plan quinquenal ?

Je crois que je suis loin d’être le seul à avoir fait le rapprochement – comme d’habitude sur la toile, un même stimulus perçu par des personnes de culture similaire produit les mêmes effets. Mais comme je n’ai pu repérer que des échos lointains de cette réflexion il me semble important de la mentionner : la série de destructions de radars automatiques commise ces derniers mois en région Parisienne me fait irrésistiblement penser à la Guerre des Parcmètres menée par le Gang des Gaffeurs avec Gaston Lagaffe à sa tête.

Faible face à la force publique, ces croisés s’attaquent à un outil du système d’exercice de la répression par le pouvoir. Le motif est en apparence économique, mais dans les deux cas un message politique transparaît à l’encontre du dominant. Malgré la réalité des dégradations et leur coût pour la collectivité, l’absence de victimes et le choix du symbole visé flattent les fantasmes de rébellion des masses et auréolent les perpétrateurs d’un capital de sympathie qui n’est pas sans rappeler le frisson de la transgression adolescente.

L’enquête, confiée à la sous-direction antiterroriste (SDAT), est coordonnée par le parquet antiterroriste de Paris. Il peut paraître excessif de lancer l’appareil antiterroriste à la poursuite d’une bande de vandales. Mais rappelez-vous : du faible au fort les symboles ne sont pas des objets secondaires de la lutte, ils en sont l’essence même. Le gouvernement à donc tout intérêt à ne pas laisser les facéties d’aventuriers picaresques forger un mythe qui érodera le vernis de son image et sapera son autorité. La crédibilité du système répressif qui se construit en France de jour en jour est à ce prix.

En apprenant son annulation cette année, j’ai aussi appris que le rallye Paris – Dakar existe encore. Malgré ma tristesse profonde face à la disparition de dernière minute d’un aussi beau support publicitaire, je me dois de réagir en contribuant des propositions concrètes pour redresser la situation.

Le coeur de la difficulté est la problématique sécuritaire. A défaut d’avoir la compétence ou même la volonté de la résoudre sur le pas de sa porte, notre gouvernement bien-aimé a au moins les moyens armés pour y faire face. Qui plus est, ses membres éminents ont maintes fois démontrés leur penchant pour les opérations de communication sur ce thème. Alors qu’attendent-ils donc pour développer les formidables opportunités que l’on devine l’eau à la bouche ?

Les forces armées Françaises escorteront la caravane du Dakar pour en assurer la protection. Les membres du gouvernement en tireraient le bénéfice immédiat d’une place de choix dans le paysage audiovisuel pour montrer à quel point ils ont à coeur la sécurité des citoyens.

En retour, chaque concurrent du rallye embarquera à bord de son véhicule un immigré en situation irrégulière. L’épreuve sera ainsi repackagée en tant que course au ramenage d’étrangers dans leur pays d’origine. Quelle magnifique synergie symbolique entre le bel esprit sportif du Dakar et la diligence de notre sympathique gouvernement à protéger la prospérité de la nation !

La sécurité pour nos sportifs, de la gloire pour nos soldats, de la crédibilité pour notre chef bien aimé, une caravane publicitaire avec démonstration itinérante pour l’industrie de l’armement et une louable contribution aux efforts du ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement pour atteindre ses objectifs… Qu’attend-t-on ? Notre gouvernement manquerait-il d’imagination et d’audace ?

J’en profite pour noter que comme son nom ne le laisse pas supposer au néophyte naïf que je suis, les objectifs du ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement se mesurent en nombre d’expulsions (pardon, on dit maintenant “éloignements” parce c’est moins violent) d’étrangers en situation irrégulière – toute ressemblance avec les exercices d’inversion sémantique popularisés par un oeuvre littéraire célèbre avec un titre en quatre chiffres ne serait que fortuite.

Lorsque l’Etat abandonne le monopole de la violence physique légitime, il laisse un vide qui ne reste jamais longtemps inoccupé. Verrons nous l’émergence de milices d’autodéfense en France ? Aujourd’hui à Rio de Janeiro, demain à Paris ?

Quelles que soient les raisons du désengagement de l’Etat, rien ne destine les organisations dédiées aux trafics illicites et les organisations religieuses activistes à être les seules à reprendre le terrain. Elles sont capables d’occuper tout l’espace si elles assurent aux locaux des conditions sécuritaires satisfaisantes – les mafias ont toujours su jouer ce rôle parasitaire symbiotique. Mais si elles oublient de répondre efficacement à ce besoin essentiel, le champ est libre pour de nouveaux acteurs.

Yves-Alexandre Chouala décrit en détails comment le processus d’effondrement du monopole etatique de la violence légitime a eu lieu au Cameroun avec des conséquences désastreuses. Il montre notamment comment la formation de comités d’autodéfense concrétise la ré-affirmation du lien social face au chaos. A moindre échelle, Sidiki Abdoul Daff rapporte l’essor et les limites d’un groupe d’autodéfense dans la banlieue de Dakar – les dérives sont quasiment inévitables. Le Portugal a connu par endroits cette descente aux enfers mais l’Etat a su apporter des solutions capables de rétablir l’ordre républicain. En France, la rumeur de prémices de ce phénomène cours déjà.

Dans mon quartier paisible et prospère, de tels plans d’organisation locale resteront probablement toujours métaphoriquement enfouis dans un classeur poussiéreux au fonds d’un placard. En d’autres lieux il me paraîtrait logique d’organiser, pour rétablir la paix, l’usage par les citoyens des moyens illégaux violents rendus légitimes par l’abandon de l’Etat.

Loin de moi l’idée de souhaiter en arriver là. Les dérives de l’autodéfense populaire sont toujours sales – tout pouvoir incontrôlé corromps immanquablement, et dans des dimensions d’autant plus néfastes que ce pouvoir prend ses racines dans la violence. Alors osons espérer que l’Etat Français démontrera sa capacité à exercer ses responsabilités partout sur son territoire, et en particulier là où la rumeur médiatique l’en présente comme incapable.

Si vous enfourchez un vélo en laissant votre automobile moisir au garage, faites-le égoïstement ! Les pseudo-écologistes bien-pensants veulent vous persuader qu’en choisissant un véhicule mu par la force de vos jambes vous faites un geste pour l’environnement… Ils se trompent ! Chaque voiture en moins sur la route c’est un peu plus de place pour les autres usagers – et la théorie micro-économique nous enseigne que cet espace sera instantanément occupé par un autre acteur. Ainsi si le nombre de cyclistes diminue suffisamment le trafic pour réduire les temps de trajet, un nombre accru d’utilisateurs non-pseudo-écologiste économiquement rationnels feront le choix d’utiliser la voiture. De même les litres de carburant non utilisés contribuent à la baisse du cours, ce qui stimule la consommation et établit un nouvel l’équilibre. Il est donc plus que douteux que le discours pseudo-écologiste commun ait quoi que ce soit à voir avec la protection de l’environnement – comme toute chose en politique il a pour but essentiel de se vendre à l’électorat.

Alors pourquoi est-ce que je pédale tous le jours à travers Paris et ailleurs, quand je ne suis pas en train de patiner ? Tout simplement parce que c’est dans mon plus pur intérêt égoïste. La complainte commune du Parisien est de passer son temps dans les transports sans jamais avoir le temps pour des activités sportives. Mon vélo résous les deux problèmes simultanément, contribue en prime à modeler ce cul de demi-dieux Grec dont je suis fier et me permet de sympathiques ballades le nez au vent à travers la ville ! Et tout ça avec des temps de trajets en moyenne équivalents (changement de vêtements compris) aux autres moyens de transport. Quant à la météo parisienne, elle n’a plus rien d’impressionnant une fois qu’on a adopté le confort des vêtements techniques adaptés. Après tous ça, le fait que ma pratique réduise mon empreinte écologique et contribue à améliorer les comptes de la solidarité sociale en me maintenant en bonne santé n’est qu’une externalité positive – un bonus qui n’a rien à voir avec ma décision.

 

Une fois encore il est mis en évidence que l’altruisme apparent n’est autre que de l’égoïsme intelligent. L’homo economicus fidèle à lui-même maximise l’utilité globale, malgré tout ce que l’auto-flagellation pseudo-écologiste veut nous faire croire. Mais que cela ne vous fasse pas croire que l’activisme écologiste est réduit à l’impuissance – ce n’est heureusement pas le cas à condition qu’il ne se réduise pas à des discours sans effets. Le rôle de l’Etat est de créer le cadre et modeler l’environnement dans lesquelles les décisions économiques individuelles ont lieu – une écologie volontariste est donc possible, mais elle passe par la création d’un environnement favorable, notamment par des mesures récompensant le civisme et pénalisant les choix nuisibles à la société. L’écologie et l’économie ne font qu’un – et l’écologie répond donc aux mêmes règles : elle ne fonctionne bien que si ses acteurs sont conscients de leur propre intérêt, non seulement immédiatement mais aussi à long terme. C’est une évidence pour certains, mais bizarrement pour beaucoup c’est encore une idée vélorurévolutionnaire…

 

Aujourd’hui c’est le deuxième tour des élections présidentielles en France. Grâce à nos amis Helvétiques, nous avons avant en avant-première les résultats essentiels de cette journée de scrutin.

Grâce à la station Suisse “Radio Fréquence Jura” je suis donc en mesure de vous annoncer que l’équipe de Suisse de hockey sur glace s’est inclinée cet après-midi 6-3 contre la Russie lors du dernier match du tour intermédiaire des Mondiaux de Moscou. Les buts helvétiques ont été marqués par Streit, Di Pietro et Reichert. La Suisse disputera son quart de finale jeudi contre le premier du groupe F.

En rugby pro D2 on notera également aujourd’hui que Bordeaux a battu Auch 18-12 et en football Italien AS Roma s’incline devant Palerme 1-2.

Des résultats sportifs passionnants en ce jour d’élections présidentielles !

Comment ça ce n’était pas ce que vous étiez venu voir en arrivant d’un moteur de recherche ?

Elevé dans une famille Gaulliste depuis toujours, l’un de mes premiers souvenirs d’enfance fut la consternation à l’époque incompréhensible pour moi que j’ai pu lire sur les visages de proches le soir du 10 Mai 1981, et la présence quotidienne du Figaro dans le salon a rythmé ma jeunesse. On ne peut pas dire que je partais avec un à-priori positif en faveur de la gauche Française. J’ai gardé de cette époque une profonde aversion pour la manière dont le socialisme crée des privilèges indus sous prétexte de redistribution des richesses, ainsi que pour son ignorance délibérée et démagogique de l’efficacité des mécanismes économiques fondamentaux.

En 1995 pour ma première élection j’étais de ceux qui avant 20 heures parcouraient les Champs Elysées en courant ou sur le toit des voitures en exprimant ma joie de voir la fin de l’ère Mitterrand et aussi mon espoir de voir se concrétiser les promesses réformatrices incarnées par Chirac. J’ai évidemment été profondément déçu par les années qui suivirent.

La crise d’adolescence politique fut la révélation des idées libérales et le rejet du conservatisme. Le libéralisme au sens classique est désormais ma ligne directrice en matière politique. Mais en France en 2007 le libéralisme est un gros mot, bizarrement parce qu’on le confond avec le conservatisme alors qu’outre Atlantique on le met dans le même camp que le socialisme. Le libéralisme est mal compris et son heure n’est pas encore venue. Pour le premier tour j’ai depuis l’été dernier soutenu de bon coeur François Bayrou parce qu’il est pour l’instant et à mon avis le véhicule le plus crédible et le plus honnête pour introduire le libéralisme classique au coeur du débat politique Français. J’ai d’ailleurs été conforté de voir Edouard Filias d’Alternative Libérale prendre une position similaire en faveur de François Bayrou.

C’est naturellement vers les candidats centristes que mon choix s’est toujours porté. Mais la survie des centristes au-delà des premiers tours étant encore rare j’ai toujours donnée ma voix à la droite lorsqu’elle était opposée à la gauche. Mais cette année, l’appel d’air qu’a provoqué François Bayrou dans l’aile droite du parti socialiste a ouvert le débat. La révélation d’un espace socio-démocrate dans le paysage politique Français a remis en cause l’alliance traditionnelle du centre avec la droite. Avec dans le parti socialiste des voix qui s’élevaient en faveur d’un positionnement de centre gauche je n’excluais plus de considérer le PS comme un second choix possible.

Ségolène Royal avait l’opportunité entre les deux tours d’ouvrir radicalement son parti au centre et de déclencher avec l’extrême gauche la crise ouverte salutaire pour que le parti socialiste devienne enfin un parti socio-démocrate Européen moderne. Elle ne l’a pas fait et le PS reste donc égal à lui-même avec les incohérences surannées qui le caractérisent et le paralysent. J’avais envisagé de voter pour un candidat socialiste réformateur tourné vers le centre, mais je refuse de donner ma voix à un représentant d’un système de gouvernement dont l’inefficacité coûteuse et génératrice d’inégalités est trop bien connue. Je passe sur le prétendu style participatif que Ségolène Royal affecte alors que tous ceux qui ont travaillé avec elle savent combien elle est autoritaire.

Face à elle, Nicolas Sarkozy n’est pas non plus un choix très apetissant. Il y a douze ans j’aurais voté pour lui avec enthousiasme : il est tout à fait le messie réactionnaire que j’attendais dans mon enfance. Mais entre temps j’ai mûri et je ne crois plus en l’existence d’un homme providentiel. Et depuis longtemps je suis devenu allergique aux valeurs conservatrices et nationalistes. Surtout je n’ai pas confiance dans une droite dont le bilan est en décalage avec sa communication : dirigisme économique, protectionnisme et irresponsabilité fiscale sont des valeurs étrangement communes entre la droite et la gauche. Ajoutons à ce sombre tableau l’agressivité de Nicolas Sarkozy dont la personnalité n’est à mon avis pas étrangère à sa légende, sa tendance à éroder autant que possible le principe de la séparation des pouvoirs, ses prises de positions communautaristes, son inaction face à la corruption dans les Hauts-de-Seine et son goût pour la répression démagogique qui dégoute même les fonctionnaires du ministère de l’intérieur… Malgré la proximité que je ressens pour la plus grande partie du programme économique de Nicolas Sarkozy, je ne peux pas adhérer à sa candidature.

Chacun des deux candidats continuera à dresser les Français les uns contre les autres. Ce n’est pas ce que je souhaite pour mon pays et je le ferai savoir en exprimant explicitement mon refus des options proposées, c’est à dire en votant blanc et non pas en fuyant par l’abstention mes responsabilités de citoyen. Je ne suis pas socialiste, je ne suis pas conservateur, je voterai blanc le 6 Mai 2007. C’est la première fois que j’ai recours à cette extrémité ambigüe et j’ai le fol espoir que quel que soit le résultat de cette élection il suscite à droite ou à gauche la prise de conscience de la valeur du centre comme voie de réforme consensuelle et de progrès.

Cette manière de faire passer mon message a la conséquence pratique de favoriser le candidat en tête des intentions de vote, c’est à dire Nicolas Sarkozy. Ca ne me pose pas de problème – je suis finalement plus proche de Nicolas Sarkozy que de Ségolène Royal. La défaite de cette dernière est peut-être le choc nécessaire à la scission du parti socialiste qui ouvrira la voie à la construction d’un part du centre gauche au centre droit, capable de pendre le rôle de pivot nécessaire pour tordre le cou au mythe du bipartisme. Pour compléter mon point de vue je vous invite à lire l’article de Stéphane-Andréane “Le vote blanc et la recomposition de la vie politique française” qui exprime à sa manière une opinion similaire.

Le candidat pour lequel j’ai fait campagne ne sera pas président de la République Française en 2007. Maintenant il s’agit de voter au second tour pour Nicolas Sarkozy ou pour Ségolène Royal. Et comme dirait Thérèse devant une boite des fameux spotsi d’Ossieck : on ne sait que choisir

Mais comme il fait beau et que je ne suis pas homme à me laisser abattre pour si peu, c’est bizarrement les paroles du très joyeux “mon coeur balance” de Daouda qui me sont revenues à l’esprit aujourd’hui… Et comme je ne les ai trouvées nulle part sur la Toile je les ai retranscrites ici pour vous :

J’ai un problême j’aime deux filles
Je ne sais pas laquelle choisir
La premiere est la plus jolie
La seconde est la plus gentille
Entre les deux mon coeur balance
ca balance et ca rebalance

La plus jolie s’appelle Fanta
La plus gentille c’est Amina
Entre les deux vraiment j’hésite
Pourtant il faut que je me décide
Mais toujours mon coeur balance
Ca balance et ca rebalance

Quand je suis avec la jolie Fanta
Moi je pense à la gentille Amina
Quand Amina est pres de moi
Mes pensées s’envolent vers Fanta
Et toujours mon coeur balance
Ca balance et ca rebalance

Un jour j’ai pris ma résolution
Croyant avoir trouvé la solution
Mais au moment de me prononcer
Moi je n’ai pas pu me décider
Car toujours mon coeur balance
Ca balance et ca rebalance

[Reprendre 1x]

Dites-moi mes amis
Dites-moi laquelle choisir
Entre la jolie Fanta
Et la gentille Amina

[Reprendre 1x]

Ooh Fanta !
Oh Amina !

[Repeter]

Le paradoxe final c’est qu’avec une chanson Ivoirienne en tête je vais peut-être me retrouver à voter blanc…

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